La peur chez le chien

Qu’est ce que la peur ?

La peur est une émotion : elle se vit et se ressent. Tel que décrit par le Dr Joël Dehasse dans Tout sur la psychologie du chien, « l’émotion est un état cognitif particulier, qui s’accompagne d’une perte de sérénité, d’une agitation interne et de réactions physiologiques, d’expressions faciales et de comportements spécifiques. »

Les émotions peuvent entraîner des réactions non raisonnées, involontaires et inconscientes. Une émotion est :

  • Courte
  • Se vit à différentes intensités
  • S’exprime différemment selon les individus.

La peur est une émotion qui sert à l’origine à survivre. C’est un système d’alarme qui nous permet de se mettre en sécurité face à un danger. Elle est donc indispensable.

Comment le cerveau traite-il la peur ?

Il existe plusieurs zones dans le cerveau qui traitent la peur et les réactions qui en découlent, il s’agit de l’amygdale, de l’hippocampe et du cortex préfrontal.

Lorsqu’un événement se produit, votre chien le percoit : il le voit, l’entend ou le sent (odorat ou touché) et son cerveau traite l’information :

  • Il va chercher dans ses souvenirs si la situation lui rappelle quelque chose qui s’est déjà produit et comment l’évenement s’est passé ensuite,
  • Il va déterminer s’il y a une menace immédiate

Face à une menace, le traitement de l’information et la réaction qui en découle est un mécanisme extrêmement rapide, appelé « fight or fly » de l’anglais « combattre ou fuir ». En quelques centièmes de seconde, votre chien décide s’il sort les crocs ou s’il s’enfuit. Vous comprenez bien que, tout bien éduqué qu’il est, vous n’avez pas la main sur ce mécanisme spontané.

Dans la réaction en chaine qui s’opère chez votre chien lorsqu’il ressent la peur, il y a des réactions physiologiques. C’est pourquoi certains chiens, très sujets à l’anxiété voire à la peur, passent par un traitement médical, afin de les aider à s’apaiser et ne pas laisser la peur les envahir de façon excessive et disproportionnée.

Comment le chien exprime sa peur ?

Lorsque le chien ne peut pas se soustraire à l’événement qui lui crée de la peur, on constate des halètements, de la salivation excessive, des tremblements, un léchage des babines, des bâillements répétés, parfois des mictions émotionnelles (les « pipis de peur »), des gémissements, des aboiements.

Lorsque le chien peut réagir librement, il va essayer de « capter » le moindre signal de ce qui ne va pas : il aura une attitude de vigilance accrue, le poil hérissé, les pupilles dilatées, il portera sa queue basse et souvent ses oreilles seront orientées vers l’arrière.

S’il détecte une menace, c’est le fameux mécanisme « fight or fly » : il se bat ou il s’enfuit.

  • FLY : ils partent se cacher dans un trou de souris au point de tout détruire ou de se blesser ; ils fuient droit devant eux pendant des kilomètres sans s’arrêter, d’autres rentreront dans la première maison, garage ou voiture ouverte.
  • FIGHT : ils ont des réactions agressives, et ce, même envers les maîtres alors que d’ordinaire le chien en question est très «gentil ».

La peur peut traduire un problème de santé

La peur du chien peut être due à une maladie. En cas de peur excessive chez votre chien, vous pouvez demander à votre vétérinaire de faire un check-up complet afin de vérifier qu’il n’y a pas une maladie sous-jacente.

Une hyperthyroïdie, maladie hormonale fréquente chez le chien, peut occasionner des réactions d’angoisse et de peur voire de l’agressivité. Dans ce cas, pour établir le diagnostic, une prise de sang est généralement pratiquée par le vétérinaire pour doser différents paramètres. Un traitement approprié pourra soigner votre chien.

Une situation plus simple et néanmoins banale : un chien qui a mal au dos, à une patte, à la queue, aura peur qu’on le touche et pourra se montrer agressif pour faire fuir la main de son maître.

Soyez attentif à votre chiot

Votre chiot ne doit pas quitter sa maman trop tôt. Pas avant 8 semaines, c’est l’âge légal. Un bon éleveur qui a vu ses chiots grandir vous dira qui est prêt à partir dès 8 semaines et qui doit attendre encore un peu, parfois il faut attendre jusqu’à la 12ème semaine.

La période après le sevrage est très importante. Le sevrage est le moment où la maman ne laisse plus ses chiots la teter. Cela arrive vers la 6ème semaine après la naissance. Les chiots commencent à bien se déplacer, et leur mère les emmène à la découverte du monde. Les chiots suivent leur mère partout ! Si l’un d’eux a peur de quelque chose, la mère va au contact de l’objet de peur et incite le chiot à la rejoindre : c’est la désensibilisation et ca fera toute la différence plus tard !

Lorsqu’il quitte sa maman, vous devenez son référent. Et vous allez devoir faire la même chose ! Mais, malgré votre meilleur volonté et vos meilleures intentions, vous ne pourrez pas remplacer sa maman dans les tout premiers apprentissages de la vie : laisser votre chiot suffisamment avec sa mère.

Une fois que votre chiot a rejoint votre maison, c’est à vous de prendre le relai sur l’apprentissage : vous allez devoir le sociabiliser. Et pour ce faire : emmenez-le autant que possible rencontrer des congénères et autres animaux, de nouvelles situations (la ville, le train, les klaxons), de nouveaux bruits (radio, aspirateur, télé), de nouvelles personnes (avec ou sans uniforme, des adultes et des enfants, des personnes avec des grosses voix, des personnes de couleur). Tout en étant vigilant, que votre chiot se sente en sécurité à vos côtés. Montrez lui que vous êtes là, qu’il n’a rien à craindre. Allez-y par étape.

Un chiot qui n’a pas été bien socialisé les premiers mois de sa vie – on parle alors de ‘’syndrome de privation sensorielle’’ -, risque de développer des peurs à tout ce qu’il va découvrir ensuite. C’est le cas par exemple classique des chiens élevés en pleine campagne ou dans un chenil, adoptés après trois mois, et qui arrivent en ville.

La peur des bruits soudains

Un orage qui éclate, des pétards qui sont lancés, un feu d’artifice qui est tiré et c’est la panique ! Le chien se réfugie sous le lit, sous un meuble, dans une pièce sombre et se met à trembler de tous ses membres…

Si certains chiens, comme ceux de chasse ou ceux soumis à des épreuves de travail ou à des tests de caractère, sont rompus aux bruits de coup de feux, tous les chiens sont loin de rester eux non plus stoïques face à de nombreux bruits extérieurs !

On peut, en prévention, utiliser un CD de bruits pour faire écouter au chien divers sons (ceux dont il a peur) en augmentant progressivement, de jour en jour, le volume. Durant la diffusion, détourner l’attention du chien: jeu, jouet, friandise, etc. Ce n’est pas une recette ‘’miracle’’, mais des maîtres ont obtenu de bons résultats en procédant de la sorte.

Que faire si le chien a peur ?

Certains vous diront de ne pas rassurer pour ne pas augmenter la situation de stress. On peut trouver 2 cas de figure :

  • Si, vous aussi avez peur de la situation, en effet, vous risquez de dégrader la situation. Alors, laissez-le gérer sa peur et vous la vôtre. Certains chiens ressentent fortement le stress de leur maître : il convient donc de faire en sorte de ne pas lui communiquer vos propres angoisses.
  • Si, pour vous tout est ok, vous pouvez aller à côté de votre chien et lui parler doucement, lui dire que vous êtes là, sans chercher à le faire sortir de sa cachette. Votre chien verra qu’il peut vous faire confiance, vous ne le laissez pas seul face à sa panique. Vous ne pouvez rien faire, mais vous êtes là. Et c’est important.

Les bonnes pratiques : à la maison.

1 -Fermer les fenêtres : c’est bien connu, la peur donne des ailes et votre chien pourrait faire un bond dont vous ne l’auriez pas cru capable, pour s’échapper par une fenêtre.

2- Laisser le chien se refugier là où il en a envie, afin qu’il se sente en sécurité en attendant que l’événement traumatisant passe. Souvent, les chiens choississent des pièces obscures, où ils se sentent à l’abri.

Les bonnes pratiques : à l’extérieur.

Autant que possible, laissez-le libre de pouvoir s’écarter du stimulus. S’il est coincé, parce qu’il est tenu en laisse, par exemple, l’impossibilité de fuir va augmenter l’intensité de sa peur mais il faut à tout prix aussi éviter la fugue, durant laquelle il pourrait mettre sa vie et la vie des autres en danger (en traversant une route etc…)

Les bonnes pratiques : se faire aider.

Il existe des thérapies comportementales avec des professionnels, qui sont très efficaces.

Vous trouverez également des produits naturels conçus pour apaiser.

Votre vétérinaire peut aussi lui prescrire des anxiolytiques. N’hésitez pas à demandez conseil à votre vétérinaire. L’assurance santé animale du chien peut vous aider à financer ces traitements.

Ce qu’il ne faut pas faire

1- Mettre le chien en immersion totale.

Exemple : le chien qui a peur des humains que l’on emmène dans un marché.

Un chien qui est déjà dans une émotion trop intense comme la peur, n’est pas en capacité d’apprendre correctement. Il enregistre donc simplement que la situation est anxiogène et qu’il la subit.

2- Inutile de le gronder, de lui donner des ordres, de le punir : en réaction à la peur, votre chien est hermétique à tout.

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